Le 25 novembre est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Pour le collectif 2GAP, cette journée est l’occasion de rappeler que la solidarité internationale est indispensable dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Partout dans le monde, il est essentiel que les femmes puissent participer aux décisions qui les concernent !
Dans des pays comme la France et les États-Unis, la violence à l’égard des femmes est toujours un problème, et elle se manifeste de différentes manières. De la violence physique ou psychologique directe à la cyberintimidation et au harcèlement numérique, la violence sexiste continue d’affecter les femmes de tous âges et de tous horizons. Malheureusement, ce type d’abus est encore plus répandu dans les pays où les violations des droits de l’homme sont monnaie courante et les femmes sont privées de leurs libertés fondamentales.
Harcèlement sexuel sur 20 à 30% des femmes actives
Qu’elles soient intrafamiliales – pouvant aller jusqu’au féminicide – ou qu’elles s’exercent au sein des organisations de travail , qu’elles soient interindividuelles ou institutionnelles (en privant, par exemple, les femmes de leur droit à avorter), les défaillances sont patentes. Traitement judiciaire des violences intrafamiliales, mise à l’abri des victimes et leur prise en charge psychique, ou encore possibilité de d’éradiquer la chape de plomb qui entoure les violences au travail quand l’impact de la dénonciation est encore trop souvent plus préjudiciable à la victime qu’à l’agresseur… Aucun dispositif, malgré leur nécessité, n’est à la hauteur des enjeux.
Dans ce contexte, entre 20% et 30% des femmes actives disent, à l’occasion de différents sondages, avoir été confrontées à une situation de harcèlement sexuel au cours de leur vie professionnelle tandis que seulement 5% des faits ont fait généré un recours.
Sujet moins visible, dans le spectre des violences sexistes et sexuelles, qui mérite toute notre attention tant il fragilise voire empêche le partage de la décision et des responsabilités entre les femmes et les hommes : le sexisme qui érige la supériorité d’un sexe par rapport à l’autre.
Comme en grammaire, le masculin l’emporte sur le féminin et ce sexisme semble alors justifier tous les manquements faits aux femmes, le plus souvent insidieux et sournois, conscients ou inconscients, dans la famille comme au travail, en termes de respect, de reconnaissance et de légitimité.
Hors des sphères de décision et autocensure
En France, la notion d’agissement sexiste a été intégrée dans le Code du travail et dans le statut général des fonctionnaires. Cependant, l’impact du sexisme est délétère , sauf quand il y existe des quotas. Il continue de sévir dans ses deux composantes : l’éviction des femmes des sphères de décision et leur autocensure . Deux composantes qui anticipent nombre d’ obstacles à surmonter , alors même que charge mentale et travail parental et domestique reposent en grande partie sur les épaules des femmes.
Or c’est la mixité dans les organes de gouvernance qui permettra de bien prendre en compte les violences sexistes et sexuelles. La déferlante des paroles de #MeToo a inondé le monde, mais elle bute contre des murs qui, jusqu’à une période récente, n’ont pas su en renvoyer l’écho.
C’est en ce moment même que surgissent des actes de contestation, voire un début de révolution portés par des femmes dans le monde. Comme un écho nouveau et assourdissant au refus de la domination provenant de contrées lointaines. Nous voulons dire, ici, notre admiration sans bornes à nos soeurs afghanes , qui réclament rien de moins que l’accès au savoir et la liberté d’occuper l’espace. Nous voulons dire notre admiration sans bornes à nos soeurs iraniennes qui, au prix de leur vie, affichent leur désir d’émancipation et de liberté. Ces femmes nous obligent. Un Etat qui opprime les femmes est un Etat qui ne peut prospérer et qui entraîne les autres dans le conflit.
Trop souvent absentes
Bien entendu, notre sort, en France, n’a rien de comparable et, pourtant, se dessine irrémédiablement une communauté de combats au niveau planétaire. Car, de façon insidieuse ou visible, les femmes restent toujours au milieu du gué : trop souvent absentes des lieux de pouvoir ainsi que des enjeux stratégiques et financiers. Les rôles sociaux, selon le sexe, introduisent une division sexuelle du travail entre femmes et hommes, dans une binarité des compétences qui n’a plus lieu d’être.
Nous sommes aussi trop souvent absentes des médias , où se forgent les réseaux d’influence ; trop souvent absentes de l’histoire et des représentations, notamment à l’école, où se forge la confiance en soi et la possibilité de s’identifier à des rôles modèles féminins. Et trop souvent absentes des organes de règlement des conflits, alors même que la résolution 1325 « Femmes , paix et sécurité » nous y invite avec force. Comment les femmes, vouées à l’ombre, voire à l’invisibilité, peuvent-elles alors accéder à la lumière et à la transparence des prises de responsabilité ?
Terrible paradoxe
Nous ne le dirons jamais assez : la mixité est le meilleur atout d’une bonne gouvernance, donc et surtout de la qualité de la décision qui en résulte. La mixité convoque tous les talents et met à l’agenda l’ensemble des préoccupations de notre société. Or les violences sexistes et sexuelles sèment d’embûches la voie des femmes vers les responsabilités. Terrible paradoxe : la mixité, un des garants de la limitation des violences faites aux femmes, est elle-même empêchée par ces violences !
A l’heure de la « gender fatigue » (lassitude de genre ) – en réalité, une « gender résistance » contre la marche des femmes vers le partage du pouvoir et de toutes les décisions (surtout celles qui les concernent) -, nous n’acceptons pas de dissocier la lutte contre les violences du partage du pouvoir de décider.
Plus que jamais, la place des femmes aux postes à responsabilité est cruciale pour une meilleure gouvernance de nos organisations. Inversement, elle n’est possible que grâce à la prévention et à la lutte déterminée contre les violences sexistes et sexuelles, dans toutes leurs composantes.
Ces deux combats, essentiels, sont à mener de front, pour des sociétés plus justes et pacifiées, au bénéfice de tous et toutes.
Source : La lutte contre les violences faites aux femmes nécessite un vrai partage du pouvoir/LesEchos